23 octobre 2022

Talich Quartet

Cordes

Talich Quartet © Radek Kalhous

Biographie

Jan Talich  -  violon             
Roman Patočka  -  violon   
Radim Sedmidubský  -  alto         
Michal Kaňka  -  violoncelle

Le Talich Quartet est fondé en 1964 à Prague par le violoniste tchèque Jan Talich Sr., dans l’optique de promouvoir la grande tradition musicale classique et tchèque. Ayant créé le Talich Quartet en hommage à son oncle, le réputé chef d’orchestre Václav Talich (Orchestre philharmonique de Prague, 1919-1939), Jan Talich fait de l’ensemble le vecteur d’une prestigieuse lignée de musiciens, passant en 1997 le relais de la direction musicale à son fils, le violoniste Jan Talich Jr. Celui-ci est actuellement entouré de Roman Patočka au second violon, de Radim Sedmidubský à l’alto et de Petr Prause au violoncelle. Le Talich Quartet est fréquemment invité dans les festivals de musique de chambre les plus prestigieux (Festival Pablo Casals de Prades, Festival international de musique du Printemps de Prague, Festival Europalia, etc.), en plus de fréquenter régulièrement les grandes institutions musicales d’Europe et d’Amérique du Nord (Carnegie Hall, Théâtre des Champs-Élysées, Wigmore Hall, Het Concertgebouw). Le Talich Quartet excelle dans l’interprétation des compositeurs phares du canon européen; on compte dans son corpus des enregistrements de Schubert, Brahms, Mendelssohn, Debussy, Ravel et Chostakovitch. Par ailleurs, le quatuor se fait un point d’honneur de promouvoir l’œuvre des compositeurs tchèques du 19e siècle, comme Smetana, Janáček, Fibich, Kalivoda et Dvořák. D’ailleurs, en 2015, son enregistrement des quatuors à cordes nos 10 et 11 de ce dernier compositeur s’est fait octroyer la note de 5 étoiles par le BBC Music Magazine. 2e engagement au LMMC.

Notes

Johann Wenzell Kalivoda est né à Prague, y poursuit de brillantes études musicales au Conservatoire, puis mène une prolifique carrière en Allemagne, à la fois comme directeur musical de la cour du Prince Karl Egon II de Fürstenberg et comme musicien indépendant. Sa musique se caractérise par une grande expressivité et fait montre d’une maîtrise incontestable de l’orchestration. Dans le Quatuor à cordes no 2, on appréciera la lumineuse mazurka du premier mouvement Allegro Vivace, suivie par un bref Scherzo, presto introduit par un canon entre le premier violon et le violoncelle. Alors que le troisième mouvement Adagio donne à entendre un très bel aria au violon, introduit par le registre grave du violoncelle, le dernier mouvement Vivace se présente comme un mouvement perpétuel enlevant, brièvement interrompu par une section médiane lente et tourmentée.

Le Quatuor à cordes no 1 de Leoš Janáček porte le sous-titre « d’après la nouvelle La Sonate à Kreutzer de Léon Tolstoï », s’inspirant de l’histoire tragique que l’auteur russe y raconte, celle du meurtre d’une femme pianiste par son époux jaloux, convaincu qu’elle le trompe avec un violoniste. Le titre de la nouvelle réfère quant à lui à une sonate de Beethoven qui, lorsqu’elle est interprétée dans une soirée par la pianiste et le violoniste, déclenche le délire de jalousie de l’époux. L’œuvre de Janáček s’articule dès lors comme la transposition musicale du drame de Tolstoï, dans un découpage en quatre mouvements qui laisse néanmoins entendre un développement continu de fragments mélodiques et rythmiques. L’intensité dramatique de la conversation qui se déploie dans l’œuvre se laisse notamment percevoir par de nombreux changements de tempo et de dynamiques, et par la variété des modes de jeu employés (sul ponticello, pizzicato, sourdines et tremolo).

Le Quatuor à cordes en mi mineur, op. 59, no 2 de Ludwig van Beethoven est le deuxième d’une série de trois quatuors à cordes commandés par l’ambassadeur russe à Vienne, Andreas Razumovsky. Le premier mouvement est d’une saisissante ambiguïté, anxiogène par moments, oscillant continuellement entre les tonalités éloignées de mi mineur et de fa majeur. Le second mouvement, inspiré, selon les dires de Czerny, par « la contemplation du ciel étoilé et la pensée de la musique des sphères », prend un caractère beaucoup plus apaisé, céleste. Le troisième mouvement introduit quant à lui le thème de la chanson folklorique russe Gloire au Soleil – une demande de Razumovsky. Ici, Beethoven fait subir au thème dit « russe » des répétitions de plus en plus cacophoniques, dans un contrepoint quelque peu déroutant. Enfin, l’œuvre se conclut sur une enlevante danse slave, qui réitère l’ambiguïté tonale proposée au premier mouvement, signifiée par l’oscillation d’un demi-ton.

Catherine Harrison-Boisvert

Programme

KALIVODA       Quatuor à cordes no 2
(1801 - 1866)      en la majeur, opus 62 (1836)

JANÁČEK        Quatuor à cordes no 1
(1854 - 1928)      « Sonate à Kreutzer » (1923)

BEETHOVEN   Quatuor à cordes en mi mineur,
(1770 - 1827)      opus 59, no 2 (1808)