13 novembre 2022

Rachel Barton Pine

Violon

Matthew Hagle, piano

Rachel Barton Pine © Lisa-Marie Mazzucco

Biographie

Enfant prodige du violon, Rachel Barton Pine fait ses débuts professionnels à 7 ans au sein du Chicago String Ensemble. Totalement dédiée à son instrument dès son plus jeune âge, elle remporte de nombreuses compétitions, à commencer par la Johann Sebastian Bach International Competition en 1992. Depuis, sa prolifique carrière l’amène à multiplier les collaborations avec les plus grands orchestres d’Europe et d’Amérique du Nord. Avec 39 enregistrements à son actif, Pine interprète autant le répertoire canonique européen que les créations des compositeurs contemporains, comme Billy Childs, Mohammed Fairouz, Marcus Goddard, Earl Maneein, Shawn E. Okpebholo et Augusta Read Thomas. Figure médiatique reconnue, Pine s’implique activement au profit de l’éducation musicale et de la connaissance des compositeurs issus de communautés minorisées. En effet, elle fonde en 2001 la Fondation Rachel Barton Pine, dont la mission est de rendre plus accessibles l’appréciation et la pratique de la musique classique. Un volet important de cette fondation est la String Student’s Library of Music by Black Composers, qui a permis de constituer au fil des ans un répertoire de plus de 900 œuvres de plus de 450 compositeurs noirs du 17e au 21e siècle. Rachel Barton Pine joue sur un violon « Ex Bazzini », « Ex Soldat » de Joseph Guarnierus dit « del Gesù » (Crémone, 1742), grâce à un don à vie d’un donateur anonyme. 4e concert au LMMC.

https://rachelbartonpine.com/

Notes

Composée en 1784 pour la violoniste virtuose italienne Regina Strinasacchi en vue d’un concert au Kärntnerthor Theater de Vienne, la Sonate K. 454 de Mozart innove pour son époque en plaçant les deux instruments sur un même pied d’égalité, dans un esprit tout à fait concertant. Le thème d’ouverture Largo, qui fera l’objet de citations chez Haydn dans son Quatuor à cordes op. 50 no 1 et chez Beethoven dans son Quatuor à cordes no 1, se présente comme un arc majestueux pavant la voie vers l’Allegro de la deuxième partie. L’Andante prend quant à lui des airs opératiques, plongeant dans un lyrisme introspectif, et prépare au vivifiant Allegro du dernier mouvement.

La musicienne d’origine suédoise Amanda Maier connaît de son vivant une carrière prolifique de violoniste et de compositrice. Première femme à obtenir la plus haute qualification de l’Académie de musique de Stockholm, amie des Grieg, Schumann et Smythe, elle se taille une place tout à fait respectable sur la scène musicale européenne, avant de mourir prématurément à l’âge de 41 ans. Sa Sonate en si mineur pour violon et piano traduit une forte influence schumannienne, à travers un Allegro passionné, à la limite de l’angoisse, suivi d’un Andantino Allegretto poco vivace contrastant par sa simplicité et sa rythmique de barcarolle en 3/8. L’œuvre se conclut sur un rondo enthousiaste apportant une conclusion vigoureuse s’affirmant dans le mode majeur.

Amy Beach a composé sa Romance pour violon et piano pour son amie, la réputée violoniste américaine Maud Powell. À l’instar des autres pièces de ce programme, cette œuvre, brève et dense, se présente comme un exemple de parachèvement de la musique de chambre de l’ère romantique. Beach exploite les registres extrêmes des deux instruments de sorte à créer des lignes mélodiques d’une remarquable sensibilité, soutenues par un accompagnement pianistique complexe, mais sans surcharge. Le thème d’ouverture, une série de montées au violon qui se résolvent les unes après les autres, est réutilisé dans la partie conclusive sous une forme plus apaisée, laissant à l’auditoire un profond sentiment de grâce.

Ottorino Respighi a composé sa Sonate pour violon en si mineur en 1917, après une longue période de jachère sur le plan de la composition de musique de chambre, s’étant surtout consacré, durant les années précédentes, à la musique orchestrale. L’œuvre se caractérise par l’ampleur de ses idées musicales, mais aussi par la direction forte et déterminée que Respighi parvient à donner à celles-ci, à travers une harmonie complexe et sinueuse sur le plan tonal. Laissant entrevoir l’influence de Brahms, la Sonate s’affirme néanmoins comme une œuvre tout à fait originale, qui a donné la chance aux compositeurs italiens, selon les dires du journaliste du Chicago Tribune Edward Moore, de s’affranchir de l’étiquette opératique qui prévalait alors.

Catherine Harrison-Boisvert

Programme

MOZART    Sonate en si bémol majeur K. 454 (1784)
(1756 - 1791)

MAIER       Sonate pour violon en si mineur (1874)
(1853 - 1894)

BEACH      Romance pour violon et piano (1893)
(1867 - 1944)

RESPIGHI  Sonate pour violon en si mineur (1917)
(1879 - 1936)
                                     
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