Biographie

Jeffrey Myers  -  violon             
Ryan Meehan  -  violon   
Jeremy Berry  -  alto      
Estelle Choi  -  violoncelle

Le Calidore String Quartet est fondé en 2010 au Colburn Conservatory of Music, à Los Angeles, par Jeffrey Myers et Ryan Meehan au violon, Jeremy Berry à l’alto et Estelle Choi au violoncelle. En 2016, le quatuor à cordes remporte le grand prix de l’édition inaugurale de la M-Prize International Chamber Music Competition, d’un montant de 100 000 dollars américains, il s’agit de la plus importante distinction pour un ensemble de musique de chambre. Entre autres distinctions, le Calidore String Quartet constitue par ailleurs le premier ensemble nord-américain à remporter, en 2016 également, le Borletti-Buitoni Trust Fellowship, à Londres. L’ensemble se produit régulièrement sur les grandes scènes d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Asie (Carnegie Hall, Wigmore Hall, Kennedy Center, Konzerthaus Berlin, Philharmonie de Cologne, Kumho Art Hall de Séoul), en plus de participer régulièrement à des festivals de grande envergure (BBC Proms, Verbier, Ravinia, Mostly Mozart, Music@Menlo, Rheingau). Lancé en octobre 2020, le deuxième album du Calidore String Quartet, intitulé BABEL, présente des œuvres de Schumann, Shostakovich et Caroline Shaw, et a été sélectionné comme « Choix de l’éditeur » du magazine The Strad. En plus de naviguer avec brio dans le répertoire canonique européen (Mendelssohn, Haydn, Bartók, Mozart, Tchaikovsky), l’ensemble collabore régulièrement avec des compositeurs contemporains tels que Caroline Shaw, Hannah Lash et Mark-Anthony Turnage. 3e concert au LMMC.

https://www.calidorestringquartet.com/

Notes

Le Quatuor no 17 en si bémol majeur K. 458 de Mozart, dit « La Chasse » (nom donné a posteriori), est le quatrième des six quatuors que le compositeur prodige dédie à Haydn, contribuant à inscrire le quatuor à cordes comme genre musical de référence de la tradition classique européenne. Le motif associé à la chasse est entendu dès l’Allegro vivace assai en 6/8 du premier mouvement, rappelant le rythme des appels de cors. Alors que le deuxième mouvement présente un menuet alliant un caractère sérieux et dansant, le troisième, Adagio, fait montre d’une intensité préfigurant les inflexions romantiques à venir. Le quatrième mouvement Allegro assai se distingue par sa vivacité, sa brillance et son caractère légèrement folklorique.

Si le Quatuor à cordes no 3 « Jagdquartett » (La Chasse) du clarinettiste et compositeur allemand Jörg Widmann évoque dès son titre une influence mozartienne particulièrement à propos dans ce programme, là s’arrête la comparaison. En effet, c’est plutôt l’influence de Beethoven qui se fait entendre dès les premières notes, à travers les rythmes sautillants caractéristiques du premier mouvement de la 7ème Symphonie. Dans cette œuvre on ne peut plus actuelle, la chasse prend toutefois rapidement un tournant cru, voire cruel et sadique, à travers l’exploration des dissonances et de sonorités parfois percussives, parfois grinçantes. Une destinée par ailleurs tragique attend la violoncelliste, qui devient au fil de l’œuvre la proie de la chasse.

Bedřich Smetana compose son Quatuor no 1 dit « De ma vie » alors qu’il est déjà sourd depuis quelques années. Retiré en campagne, il fait le bilan de son existence à travers ce quatuor à cordes programmatique. Alors que le premier mouvement évoque la quête artistique propre à la jeunesse du compositeur, teintée par les idéaux romantiques, un thème tragique annonçant la fatalité de son destin fait déjà son apparition. Le deuxième mouvement au style de « quasi-polka » rappelle quant à lui les années mondaines de Smetana et son amour pour la danse; il est suivi par un troisième mouvement amoureusement lyrique, rappelant les doux sentiments du compositeur pour celle qui allait devenir son épouse. L’œuvre se conclut sur un quatrième mouvement dansant symbolisant la vocation de Smetana pour l’expression nationale en musique, néanmoins interrompue par la surdité – une longue harmonique suraiguë en est annonciatrice, suivie par le retour du thème tragique de la destinée dans la coda finale.

Catherine Harrison-Boisvert