12 février 2023

Lukas Geniušas

Piano

Lukas Geniušas © Ira Polyarnaya

Biographie

Le pianiste russo-lituanien Lukas Geniušas est né en 1990 à Moscou. Diplômé du Collège de musique Chopin dans sa ville natale, il est récipiendaire de nombreux prix, dont la médaille d’argent du Concours international de piano Tchaïkovski en 2015, de même que du Concours international de piano Frédéric Chopin en 2010. Depuis, il est un habitué des plus grandes salles et des festivals les plus prestigieux. Son répertoire couvre une vaste étendue temporelle, de la période baroque aux compositeurs contemporains. À l’aise autant comme soliste au sein des grandes formations orchestrales (Orchestre philharmonique de Radio France, Orchestre national de Lyon, Orchestre philharmonique de Saint Petersbourg, etc.) que comme chambriste, Geniušas interprète Beethoven au même titre que Hindemith et John Adams, sans oublier les grands compositeurs russes tels que Tchaïkovski, Rachmaninov et Prokofiev. Son plus récent album, intitulé Chants populaires et lancé en 2021 sous l’étiquette MIRARE, présente des œuvres de Desyatnykov, Bartók et Tchaïkovski, sous l’inspiration du folklore d’Europe centrale et de l’Est. Sa saison de concerts 2021-2022 se caractérise notamment par des concerts avec la soprano lituano-arménienne Asmik Grigorian dans des lieux aussi respectables que les opéras de Genève et Francfort, le Laeiszhalle de Hambourg, et la Scala de Milan. Débuts au LMMC.

https://geniusas.com/

Notes

Composés durant l’été 1827, alors que Schubert séjourne à Graz, les Impromptus op. 90 D. 899 se présentent comme quatre pièces à la fois autonomes et interreliées sur le plan esthétique. L’Allegro molto moderato en do mineur installe une atmosphère dépouillée par son caractère de marche funèbre légèrement dansante, graduellement harmonisée. S’en suit l’Allegro en mi bémol majeur, tout en légèreté et fluidité, dont la brillance est nuancée par un épisode central dramatique en si mineur, revenant à la toute fin du morceau, sous forme de coda. L’Andante en sol bémol majeur vient quant à lui apporter élan et souffle à l’œuvre, à travers sa mélodie chantante et lyrique. Le cycle se conclut sur un Allegretto en la bémol majeur qui rappelle le caractère perlé et ruisselant de la mélodie du deuxième Impromptu, avec un peu plus de vigueur et d’audace, jouant sur l’ambiguïté entre les tonalités majeures et mineures.

Œuvre de jeunesse de Schubert (composée en 1814, alors que le compositeur n’a que 17 ans), le Menuet D. 600 étonne par sa retenue et sa nudité expressive. Une mélodie lente et legato est soutenue par une basse en octaves délicatement plaquées sur des croches espacées, offrant dans la simplicité un discours dépouillé qui dit pourtant tout.

Inspirée par la Sonate en si mineur de Liszt de même que par sa Faust-Symphonie, la Sonate no 1 op. 28 de Rachmaninov tire du Faust de Goethe ses protagonistes musicaux, représentés dans chacun des trois mouvements. Le premier mouvement Allegro moderato, grave et poignant, évoque le drame existentiel de Faust et les questions profondes qui le tenaillent, sans trouver résolution. L’entrelacement de voix du deuxième mouvement Lento laisse entrevoir l’apaisement temporairement trouvé dans l’étreinte avec Marguerite. Mais le bonheur est de courte durée, puisque Méphistophélès fait son entrée dans le troisième mouvement Allegro molto, culbutant et quelque peu brutal, faisant voir son véritable visage à travers une mélodie descendante en rythmes pointés rappelant le Dies Irae.

Catherine Harrison-Boisvert

Programme

SCHUBERT           4 Impromptus, opus 90,
(1797–1828)            D. 899 (1827)         

SCHUBERT           Menuet en do dièse mineur,
(1797–1828)            D. 600 (1813)              

RACHMANINOV    Sonate no 1 en ré mineur,
(1873–1943)            opus 28 (première version)
                                (1909)

                               KAJIMOTO