6 avril 2025
Leonkoro Quartet
Cordes
Leonkoro Quartet © Peter Adamik
Biographie
Jonathan Schwarz - violon
Amelie Wallner - violon
Mayu Konoe - alto
Lukas Schwarz - violoncelle
Le très jeune quatuor à cordes Leonkoro, formé à Berlin en 2019, connaît une impulsion phénoménale depuis deux ans, alors qu’il remporte en 2022 une série de très prestigieuses reconnaissances assurant son déploiement à l’international. On compte parmi ces récompenses le prix musical de la fondation Jürgen Ponto, ainsi que le premier prix du International Wigmore Hall String Competition, où le quatuor a littéralement triomphé, remportant pas moins de neuf prix spéciaux. Quelques mois plus tard, il se démarque au Concours international de quatuors à cordes de Bordeaux, remportant le premier prix, le prix du public et le prix jeune public. Il est enfin sélectionné pour faire partie de la cohorte 2022-2024 des New Generation Artists de la BBC.
En 2023, le Leonkoro fait paraître son premier album sous étiquette Mirare, consacré au Quatuor à cordes de Maurice Ravel et au Quatuor à cordes op. 41, no 3 de Robert Schumann. La saison en cours lui permet de faire ses débuts en des lieux aussi prestigieux que la Philharmonie de Berlin, la Philharmonie de Cologne, le Concertgebouw d’Amsterdam et le Konzerthaus de Vienne.
Le violoniste Jonathan Schwarz et son frère, le violoncelliste Lukas Schwarz, jouent tous deux sur des instruments mis à leur disposition par Beare’s International Violin Society, respectivement un violon de Giovanni Battista Guadagnini et un violoncelle de Carlo Tononi, fabriqué à Venise autour de 1720. La violoniste Amelie Wallner joue sur un violon de Vicenzo Postiglione, offert par un mécène. Débuts au LMMC.
https://leonkoroquartet.com/fr/
Notes
Le Quatuor à cordes en fa majeur, op. 50, no 5 de Haydn, aussi appelé « Le rêve », doit son surnom à son deuxième mouvement Poco Adagio, auquel des chromatismes ondulants confèrent un caractère onirique, mais pas tout à fait paisible. L’ambiguïté de caractère au cœur de l’œuvre s’annonce dès le premier mouvement, en apparence animé et joyeux, mais rapidement perturbé, dès la cinquième mesure, par la répétition de deux do dièse à l’alto et au violoncelle, qui s’avéreront en quelque sorte le pivot dramatique du mouvement. Le menuet du troisième mouvement présente une fébrilité et une agitation, notamment sur le plan tonal, qui entrent en contraste avec le caractère de danse habituellement utilisé par le compositeur; le trio, plutôt que d’apaiser la tension, la renforce encore. Le tout culmine en un quatrième mouvement Vivace fortement rythmique qui permet au premier violon de fantastiques envolées mélodiques, soutenues par les trois autres instruments qui avancement vigoureusement, sans discontinuer.
La Suite lyrique d’Alban Berg a vécu, semble-t-il, une double vie. S’inscrivant dans les plus récents développements du dodécaphonisme schoenbergien, elle a connu un assez bon succès à sa création, au point où Berg en a extrait certains mouvements pour en faire un arrangement pour orchestre à cordes. Officiellement dédié au compositeur et chef d’orchestre Alexander Zemlinsky, à qui Berg emprunte la structure, certains thèmes musicaux et même le titre de sa Symphonie lyrique, le quatuor cache une tout autre histoire, qui ne sera révélée qu’en 1977. Grâce à une partition annotée et à la correspondance révélées par Dorothea Fuchs, fille de Herbert et Hanna Fuchs – née Werfel, sœur de l’écrivain Franz Werfel –, le musicologue George Perle découvrira que la Suite lyrique porte les traces d’une idylle passionnelle vécue entre Hanna et Alban Berg, entamée lorsque celui-ci a séjourné chez les Fuchs lors de l’un de ses passages à Prague. Les références symboliques sont nombreuses, à commencer par la traduction en notes des initiales A.B. et H.F. (la, si bémol, si, fa), qui constitueront le motif initial de l’Allegro misterioso, ainsi que les références aux nombres 23 et 10 (le nombre de lettres contenues dans les noms complets de Berg et de Fuchs), dans les indications de tempo et les nombres de mesures de certains passages.
Les quatuors à cordes tardifs de Beethoven constituent également ses dernières œuvres, auxquelles il se consacre après une série d’ouvrages monumentaux. La composition du Quatuor en la mineur no 15, op. 132, n’est pas sans obstacles, interrompue par une longue maladie de laquelle Beethoven craint de ne pas sortir vivant. C’est sa rémission qui inspire l’écriture du mouvement central de l’œuvre, que le compositeur intitule « Chant sacré de remerciement d’un convalescent à la Divinité, dans le mode lydien ». L’introduction lente du premier mouvement, une forme sonate à triple exposition, s’amorce sur le second tétracorde de la gamme mineure harmonique, motif qui est repris dans les autres quatuors de cette même période ainsi que dans la Große Fuge. Après le troisième mouvement hymnique qui regagne graduellement de la vigueur, le bref quatrième mouvement constitue essentiellement une transition sans interruption (attaca) vers le cinquième, une sonate-rondo qui aurait été initialement conçue pour clore la Symphonie no 9.
Catherine Harrison-Boisvert
Programme
HAYDN Quatuor à cordes en fa majeur,
(1732-1809) op. 50, no 5, « Le rêve » (1787)
BERG Suite lyrique (1926)
(1885-1935)
BEETHOVEN Quatuor à cordes no 15
(1770-1827) en la mineur, op. 132 (1825)
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