27 avril 2025
Trio Wanderer
Piano et cordes
Trio Wanderer © Marco Borggreve
Biographie
Jean-Marc Phillips-Varjabédian - violon
Raphaël Pidoux - violoncelle
Vincent Coq - piano
Depuis sa formation en 1988 à Paris, année où il remporte le concours ARD de Münich, le Trio Wanderer s’est constitué une solide réputation sur la scène internationale de la musique de chambre, jouant sur les scènes les plus réputées d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Asie. Son expertise des triples concertos lui a permis de jouer à plus de cent reprises avec des orchestres comme l’Orchestre National de France, le Radio Symphonie Orchester de Berlin, le Malaysian Philharmonia Orchestra, l’Orquesta Sinfónica de Minería, et plusieurs autres, en collaborant avec des chefs tels que Yehudi Menuhin, Christopher Hogwood, James Loughran, François Xavier-Roth, et ainsi de suite.
Le Trio a à son actif plus d’une vingtaine d’enregistrements réalisés avec plusieurs maisons de disque, entretenant par ailleurs depuis 1999 une étroite collaboration avec Harmonia Mundi. Son plus récent album, paru en mai 2023, est consacré à la musique de chambre des compositeurs français César Franck et Louis Vierne.
Les membres du trio contribuent activement à la formation de la relève, donnant régulièrement des classes de maître et participant aux jurys des grands concours internationaux. Jean-Marc Phillips-Varjabédian et Raphaël Pidoux enseignent au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, et Vincent Coq enseigne à la Haute École de musique de Lausanne. Tous trois ont été promus au grade d’Officiers de l’Ordre des Arts et des Lettres. Débuts au LMMC.
Notes
Schumann n’a pas manqué de louanger le Trio no 1 en ré mineur, op. 49, de Mendelssohn, le comparant aux trios de Schubert et Beethoven. L’œuvre présente de multiples variations de caractère qui lui confèrent toute sa richesse. Le premier mouvement introduit une élégante mélodie au violoncelle, de laquelle le violon prend le relais, au-dessus d’un accompagnement animé et fébrile au piano. La tristesse apparente de l’ouverture du deuxième mouvement contraste avec la « romance sans paroles » de la section suivante, entamée dans le registre aigu du violon. Le scherzo du troisième mouvement rappelle l’aspect « féérique » de l’écriture de Mendelssohn, mais avec une certaine exubérance, à travers un motif qui passe d’un instrument à l’autre. L’allegro du dernier mouvement – plus rythmé que passionné, comme le voudrait l’indication de caractère – se voit interrompu à deux reprises par une mélodie mélancolique au violoncelle.
D’un soir triste et D’un matin de printemps forment un diptyque caractéristique de la production musicale tardive de Lili Boulanger – si une telle chose est possible lorsque l’on meurt à 24 ans à peine… Leur agencement prend à certains égards un caractère d’oxymore. Les deux œuvres sont liées à bien des plans – tonalité, couleur modale, métrique ternaire, thème – mais se distinguent radicalement par leurs caractères respectifs. D’un soir triste revêt un air funèbre et fataliste – rappelons qu’au moment de la composition, Boulanger sait qu’il ne lui reste plus très longtemps à vivre –, avec des accords d’allure processionnelle qui s’enrichissent progressivement, donnant à constater la grande richesse du langage harmonique de la jeune compositrice. D’un matin de printemps reprend le même thème, mais dans une danse vive, qui connaît brièvement un moment d’accalmie. Le rythme fébrile évoque une forme de joie de la dernière chance, alors que le désespoir n’est pas très loin.
Le Trio de Ravel est une œuvre de maturité dans laquelle le compositeur expose une variété d’influences. Le thème sombre du premier mouvement, qui oppose le caractère percussif du piano et les notes tenues des cordes, révèle l’héritage basque du compositeur, à travers un thème qui a plus tard été retrouvé dans l’esquisse d’une œuvre intitulée Zaspiak Bat (Les sept provinces en basque), pour piano et orchestre. Le Pantoum vif et exubérant du deuxième mouvement s’inspire quant à lui d’une forme poétique utilisée notamment par Verlaine et Baudelaire, dans laquelle les deuxième et quatrième vers d’un quatrain deviennent les premier et troisième du suivant. Le troisième mouvement, de caractère processionnel, est caractérisé par la répétition en boucle d’une phrase de huit mesures jouée dans le registre grave du piano et dont l’intensité est croissante. Le dernier mouvement, en forme sonate, fait s’alterner les mesures en 5/4 et en 7/4. Son caractère orchestral et héroïque n’est pas sans rappeler que Ravel a terminé le Trio au moment du déclenchement de la Première Guerre mondiale.
Catherine Harrison-Boisvert
Programme
MENDELSSOHN Trio avec piano no 1
(1809-1847) en ré mineur, op. 49 (1839)
BOULANGER D’un soir triste (1917-18)
(1893-1918) D’un matin de printemps (1917-18)
RAVEL Trio avec piano en la mineur,
(1875-1937) M. 67 (1914)
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