4 février 2024

Javier Perianes

Piano

Javier Perianes © Igor Studio

Biographie

Javier Perianes est un pianiste de calibre international qui a partagé la scène avec les plus grands chefs d’orchestre, notamment Daniel Barenboim, Zubin Mehta et Gustavo Dudamel, ainsi qu’avec les orchestres les plus prestigieux. Sa saison 2022-2023 comprend des performances avec le Dallas Symphony, le Royal Liverpool Philharmonic Orchestra, l’Oslo Philharmonic et le Konzerthausorchester Berlin, pour n’en nommer que quelques-uns. Son abondante discographie, enregistrée en exclusivité chez Harmonia Mundi, comprend des œuvres de Beethoven, Mendelssohn, Schubert, Grieg, Chopin, Debussy, Ravel et Bartók. Son répertoire fait également la part belle aux compositeurs espagnols tels que Blasco de Nebra, Mompou, de Falla, Granados et Turina. Soliste accompli, Perianes n’en tourne pas pour autant le dos à la musique de chambre. Il collabore entre autres régulièrement avec l’altiste allemande Tabea Zimmerman et le Quiroga Quartet, et participe par ailleurs à différents festivals partout en Europe (Lucerne, Salzbourg, Grafenegg, Prague, Santander, etc.) Musicien émérite, Javier Perianes a accumulé au fil des ans nombre de distinctions, dont le Prix national de musique du Ministère de la Culture d’Espagne en 2012, ainsi que le prix de l’Artiste de l’Année aux International Classical Music Awards en 2019. Débuts au LMMC.

https://javierperianes.com

Notes

Clara Wieck Schumann a écrit ses Variations sur un thème de Robert Schumann, op. 20, à l’occasion du 43ème anniversaire de ce dernier. Les citations musicales des œuvres de l’un et l’autre y abondent, comme autant de clins d’œil à leur vie à deux. Le thème en fa dièse mineur est de lui : il l’a composé en 1841, pour ensuite l’insérer dans ses Bunte Blätter, op. 99. Ce thème serait, pour certains, une mention directe à Clara, grâce à son enchaînement des notes do dièse, si, la, sol dièse, la (C#, B, A, G#, A). Clara intègre dans ses sept variations diverses autres références aux œuvres de son mari, dont le Concert sans orchestre, op. 14, duquel est extraite la pièce suivante de ce concert. Portez attention à la coda, qui reprend le thème initial en fa dièse mineur : dans ses voix intérieures, on peut entendre une citation de la Romance variée, de Wieck Schumann, que son époux a également mobilisée dans les Impromptus, op. 5, qu’elle lui a inspirés.

Les Quasi Variazioni : Andantino de Clara Wieck, op. 14, constituent le troisième mouvement du Concert sans orchestre de Robert Schumann. Ce thème et variations se présente sous une forme atypique : plutôt que d’introduire un thème unitaire, se contenant en lui-même, Schumann propose un thème tripartite de forme ABC se concluant sur une demi-cadence. Notons que ce thème évoque à plusieurs égards le thème en fa dièse mineur des Bunte Blätter : mode mineur, motif descendant de 5 notes, structure de 24 mesures divisée en trois parties égales. Plutôt que de décliner globalement le thème de différentes manières à chaque variation, Schumann en manipule soigneusement les composantes : motifs, harmonie, conduite des voix. Le thème se transforme alors graduellement, démontrant chez Schumann la conscience d’une organisation formelle à grande échelle.

Lorsqu’il est question de Clara et de Robert Schumann, Johannes Brahms ne se tient jamais bien loin. Alors que Schumann époux se fait interner à Bonn, à l’été 1854, Brahms compose ses Variations sur un thème de Robert Schumann, op. 9. Également construites sur le thème en fa dièse mineur des Bunte Blätter, ces variations se présentent en 16 occurrences qui évoluent graduellement en caractère, pour ensuite voler en éclats. À la suite de la présentation du thème, les huit premières variations s’ancrent dans la tristesse inhérente à la tonalité de fa dièse mineur, après quoi Brahms se joue librement des tonalités et des proportions formelles. Portez bien attention à la variation #10, de style lied, que Brahms a intitulée dans son manuscrit « La rose et l’héliotrope ont fleuri » – la métaphore amoureuse y est patente. Dans la tonalité de majeur, elle fait entendre le thème de Clara sur lequel se fondent les Impromptus, op. 5.

Les Goyescas d’Enrique Granados, qui ont pour sous-titre Los majos enamorados (les nobles amoureux), se déclinent en une suite de six pièces agencées suivant une forme narrative, comme le suggère le titre de chacune d’elles. Pour concevoir cette œuvre, Granados s’est inspiré de deux des Caprichos (gravures) du peintre Francisco Goya (1746-1828), soit le #5, Tal para qual, et le #10, El amor y la muerte. Alors que les trois premiers morceaux évoquent les balbutiements d’un amour naissant, le quatrième donne à entendre une étrange complainte, dont on questionne l’origine. La réponse nous est apportée dans le cinquième, qui porte le titre du dixième Capricho de Goya : l’amour et la mort.

Catherine Harrison-Boisvert

Programme

C. SCHUMANN    Variations sur un thème
(1819-1896)            de Robert Schumann, op. 20

R. SCHUMANN    Grande Sonate no 3 en fa mineur,
(1810-1856)            op. 14
                                   
III. Quasi Variazioni:
                                    Andantino di Clara Wieck

BRAHMS              Variations sur un thème
(1833-1897)            de Robert Schumann, op. 9

GRANADOS          Goyescas
(1867-1916)

                                Harrison Parrott