25 février 2024

Escher String Quartet avec
Roman Rabinovich

Cordes et piano

Escher String Quartet © Anna Kariel
Roman Rabinovich © Ryan HK

Biographie

Adam Barnett-Hart - violon
Brendan Speltz - violon
Pierre Lapointe - alto
Brook Speltz - violoncelle

avec Roman Rabinovich - piano

Basé à New York, l’Escher String Quartet jouit d’une réputation internationale incontestable, étant régulièrement invité sur les meilleures scènes européennes et américaines, notamment par des artistes confirmés tels que Pinchas Zukerman et Itzhak Perlman. Le quatuor construit également sa renommée sur ses enregistrements d’une grande qualité, qui suscitent les éloges des médias spécialisés. Son dernier opus, qui comprend l’intégrale des quatuors à cordes de Charles Ives et de Samuel Barber, a été qualifié par le Strad Magazine de « fascinante capture des quatuors américains, dans un enregistrement brillamment détaillé, une parution de premier rang à tous les niveaux ». 3e fois au LMMC. Le pianiste israélien d’origine ouzbèque Roman Rabinovich a fait son entrée sur la scène musicale professionnelle à l’âge de 10 ans, sous la direction de Zubin Mehta. Après des études à la Buchmann-Mehta School of Music de Tel-Aviv, il complétera son cursus dans les très prestigieux Curtis Institute of Music et Juilliard School of Music, sous le mentorat de Seymour Lipkin et de Robert McDonald. En 2008, il remporte l’Arthur Rubinstein International Piano Master Competition, à la suite de quoi il cumulera les tournées sur les scènes d’Europe et des États-Unis. Sa saison 2022-2023 a notamment été marquée par son entrée à pied levé à Carnegie Hall, lors de la présentation à 24 heures d’avis du Concerto K. 271 de Mozart, avec l’Orpheus Chamber Orchestra. Basé à Calgary depuis quelques années, Rabinovich occupe avec son épouse, la violoniste Diana Cohen, le poste de co-directeur du ChamberFest Cleveland et du ChamberFest West, à Calgary. Débuts au LMMC.

https://escherquartet.com

https://romanrabinovich.net/

Notes

Le programme proposé par l’Escher String Quartet et Roman Rabinovich se dessine sous le signe de la transition et de la transformation. Dans le Quatuor, op. 64, no 5, dit « L’Alouette », de Joseph Haydn, cette notion de transition s’appréhende à travers le contexte de composition de l’oeuvre, alors que Haydn est sur le point de quitter le château des Esterhazy et de reconquérir sa liberté. Tout un univers de possibilités s’ouvre alors à lui, à commencer par la commande par l’impresario Johann Peter Salomon des symphonies dites « de Londres ». Le Quatuor, composé durant cette période intermédiaire, doit son surnom au motif chantant et aérien exécuté sur la corde de mi du premier violon dès le début du premier mouvement, soutenu par une marche staccato exécutée par les trois voix plus graves. Après la forme sonate du premier mouvement, le deuxième mouvement, introduit la forme de l’aria (ABA) à travers un caractère à la fois lyrique et hymnique. Le menuet du troisième mouvement prend quant à lui les airs d’une danse paysanne pittoresque et vigoureuse, suivi du mouvement perpétuel fugato du dernier mouvement.

Chez Janáček, la transformation exprimée dans son Quatuor no 2, dit « Lettres intimes », prend simultanément les traits de la mort et de l’amour. Composée à la demande du Quatuor Morave, l’œuvre est créée quelque deux semaines après la mort abrupte du compositeur, des suites d’une pneumonie. Si le Quatuor constitue son chant du cygne, il s’agit incontestablement d’un cygne passionnément amoureux : en effet, Janáček s’inspire de son abondante correspondance avec Kamila Stösslová, dont il est furieusement – mais aussi virtuellement – épris. Cette œuvre sans mouvement de forme sonate traduit à travers son caractère ambigu et le contraste de ses sonorités tous les tumultes de l’amour passionnel : malgré un lyrisme ardent, des techniques telles que le jeu d’archet sul ponticello et les trilles lui confèrent rudesse et nervosité. Comme l’a soulevé la musicologue Adele Tutter, le Quatuor pose une douloureuse question : si l’amour peut s’incarner à travers la musique, la musique peut-elle réellement donner forme à l’amour?

Avant que le Quintette pour piano, op. 34, de Johannes Brahms, n’arrive à sa forme définitive, celui-ci a fait l’objet de plusieurs transformations de fond. D’abord quintette pour cordes avec deux violoncelles, il est ensuite devenu sonate pour deux pianos, puis quintette pour piano. À travers ces multiples déclinaisons, l’œuvre a été jouée, critiquée et révisée par plusieurs proches de Brahms. S’il en a reconnu d’emblée la valeur musicale, le violoniste Joseph Joachim considérait que la première version manquait de « charme ». Clara Schumann, après avoir joué la version pour deux pianos, a affirmé que la pièce n’avait rien d’une sonate, suppliant Brahms de la retravailler pour l’amener à son plein potentiel. Le chef d’orchestre Hermann Levi a quant à lui donné sa bénédiction à la version finale, la considérant comme la plus grande œuvre de musique de chambre composée depuis 1828 – année de la mort de Schubert. L’influence de ce dernier, et plus particulièrement de son Quintette en ut majeur, est perceptible en différents endroits, de même que celle de la Sonate pour piano, dite « Appassionata », op. 57, de Beethoven.

Catherine Harrison-Boisvert

Programme

HAYDN            Quatuor en majeur,
(1732-1809)     op. 64, no 5
                        « L’Alouette » (1790)

JANÁČEK        Quatuor no 2
(1854-1928)     « Lettres intimes » (1928)

BRAHMS          Quintette pour piano
(1833-1897)     en fa mineur, op. 34 (1865)

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