8 septembre 2024

Calidore String Quartet

Calidore String Quartet © Marco Borggreve

Biographie

Jeffrey Myers  -  violon             
Ryan Meehan  -  violon   
Jeremy Berry  -  alto      
Estelle Choi  -  violoncelle

Le Calidore String Quartet est fondé en 2010 au Colburn Conservatory of Music, à Los Angeles, par Jeffrey Myers et Ryan Meehan au violon, Jeremy Berry à l’alto et Estelle Choi au violoncelle. En 2016, le quatuor à cordes remporte le grand prix de l’édition inaugurale de la M-Prize International Chamber Music Competition. D’un montant de 100 000 dollars américains, il s’agit de la plus importante distinction pour un ensemble de musique de chambre. Entre autres récompenses, le Calidore String Quartet constitue le premier ensemble nord-américain à remporter, en 2016 également, le Borletti-Buitoni Trust Fellowship, à Londres.

L’ensemble se produit régulièrement sur les grandes scènes d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Asie (Carnegie Hall, Wigmore Hall, Kennedy Center, Konzerthaus Berlin, Philharmonie de Cologne, Kumho Art Hall de Séoul), en plus de participer régulièrement à des festivals de grande envergure (BBC Proms, Verbier, Ravinia, Mostly Mozart, Music@Menlo, Rheingau).

La saison 2024-2025 constituera le point culminant du projet le plus imposant mené par le quatuor jusqu’à maintenant, soit l’intégrale des quatuors de Beethoven, enregistrée chez Signum Records. Le volume I de ce projet a été lancé en 2023, acclamé unanimement par la critique et le public. En plus de naviguer avec brio dans le répertoire canonique européen (Mendelssohn, Haydn, Bartok, Mozart, Tchaikovsky), l’ensemble collabore régulièrement avec des compositrices et compositeurs contemporains tels que Caroline Shaw, Hannah Lash et Mark-Anthony Turnage. 4e concert au LMMC.

https://www.calidorestringquartet.com/

Notes

Le Quatuor no 4, op. 18, de Beethoven, témoigne de ses premières immersions dans les grandes formes classiques. Dernière œuvre composée dans un opus qui en contient six, ce quatuor se distingue par son insolence et ses nombreux changements d’humeur, gardant toutefois l’auditoire en haleine grâce à son tempo légèrement haletant. Sa tonalité inaugurale en do mineur suscite le même genre d’angoisse que le premier mouvement de la Sonate no 1, dite « Pathétique », nourri par une pédale tenue dans les graves. Le deuxième thème réutilise le matériau du premier dans une version plus conviviale en mi bémol majeur, et un développement dense permet le retour à la tonalité d’origine. Le deuxième mouvement se présente comme un Andante camouflé sous le nom de Scherzo, dont le caractère enjoué et la tonalité majeure annoncent le deuxième mouvement de la Symphonie no 1. Le menuet du troisième mouvement est quant à lui plus sévère, avec ses gammes chromatiques et ses triolets. Enfin, le Rondo du Finale propose une incursion dans le style « hongrois » qui était si cher à Haydn, particulièrement dans le refrain.

Lorsque Korngold compose son Quatuor no 3 en ré majeur, op. 34 – dont il produit les premières esquisses en 1944 –, il s’agit de la première œuvre qu’il crée « pour lui-même » en sept ans. Désormais exilé aux États-Unis après avoir passé plusieurs années à faire des allers-retours avec son Autriche natale, cet ancien jeune prodige est un compositeur très bien établi sur la scène des musiques de films. Le Quatuor no 3 traduit bien cette influence, reprenant plusieurs thèmes musicaux développés par Korngold pour des films hollywoodiens. Le Trio du Scherzo du deuxième mouvement est construit à partir du matériau musical du film Between Two Worlds (Edward A. Blatt, 1944); le troisième mouvement récupère la musique d’une scène d’amour de The Sea Wolf (Michael Curtiz, 1941); le Finale reprend le thème musical principal de Devotion (Curtis Bernhardt, 1946). Alors que les deux premiers mouvements peuvent être qualifiés de modernes en raison de leur caractère chromatique et légèrement dissonant, les deux derniers mouvements reflètent plutôt le romantisme tardif qui a caractérisé les œuvres d’avant-guerre de Korngold.

Des premiers quatuors à cordes de Beethoven, nous passons aux derniers avec le Quatuor no 12 en mi bémol majeur, op. 127, alors que le compositeur s’est approprié le genre et l’a mis à sa main : on y dénote une grande liberté formelle, une expression personnelle approfondie et d’impressionnantes envolées virtuoses. Lors de sa création, cette commande du prince russe Galitzin fait néanmoins un bide, les musiciens du Quatuor Schuppanzigh n’ayant manifestement pas assez répété. L’œuvre s’avère en effet complexe : la forme sonate de son Maestoso – Allegro est atypique, faisant entendre des sursauts de virtuosité dans le développement. Le thème et variations du deuxième mouvement présente six variations et une coda, avec des incursions dans des tonalités non reliées au ton de départ, notamment le ré bémol majeur de la cinquième variation sotto voce – appelée le « mystérieux épisode » –, qui se transforme en do dièse mineur. Le troisième mouvement Scherzo présente un caractère dansant avec ses rythmes pointés, et le Presto de son Trio rappelle à certains égards les Bagatelles, op. 126, pour piano solo. L’œuvre se conclut sur une forme sonate, dont la coda propose un changement de métrique en 6/8.

Catherine Harrison-Boisvert

Programme

BEETHOVEN  Quatuor en do mineur,
(1770 - 1827)      op. 18 no 4 (1800)

KORNGOLD   Quatuor à cordes no 3
(1897 - 1957)
      en majeur, op. 34 (1945)

BEETHOVEN  Quatuor en mi bémol majeur,
(1770 - 1827)      op. 127 (1825)


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