10 novembre 2024

Benjamin Grosvenor

Piano

Benjamin Grosvenor © Marco Borggreve

Biographie

La saison 2023-2024 du pianiste britannique Benjamin Grosvenor inclut des concerts inauguraux très attendus, notamment avec le DSO Berlin et l’Orchestre Symphonique d’Islande, avec lequel il jouera le Concerto pour piano de Busoni, dans le cadre du 100e anniversaire du décès de ce dernier. Les performances récentes de Grosvenor incluent des concerts avec le Chicago Symphony, le Cleveland Orchestra, le RSO Wien, le Scottish Chamber Orchestra et le Festival de Radio France à Montpellier. Il est par ailleurs un interprète réputé de Chopin, dont il a joué les œuvres à Berlin, au Luxembourg, à Francfort, à Varsovie, à Washington et à New York.

Depuis 2011, Grosvenor enregistre exclusivement chez Decca Records. Ce contrat en fait le plus jeune musicien jamais signé et le premier pianiste britannique engagé par le label en près de 60 ans. Son plus récent album, lancé en 2023 et consacré aux œuvres de Robert et de Clara Schumann, ainsi que de Brahms, s’est attiré un concert d’éloges, notamment de la part du critique montréalais Christophe Huss, qui a qualifié l’enregistrement de « chef-d’œuvre ».

Depuis le début de sa précoce carrière – lancée alors qu’il remporte à 11 ans le Concours de la BBC pour les jeunes musiciens – Grosvenor cumule les reconnaissances telles que le titre de « Jeune artiste de l’année » par le magazine Gramophone, un Classical Brit Critics’ Award, un UK Critics’ Circle Award for Exceptional Young Talent et un Diapason d’Or Jeune Talent. 1er récital au LMMC.

https://www.benjamingrosvenor.co.uk/

Notes

Les Intermezzi, op. 117, de Johannes Brahms, témoignent autant de l’aboutissement de la vie créative de leur compositeur que de l’inaboutissement de l’amour qu’il a porté à Clara Schumann. En effet, Brahms écrira sur ces pièces : « Elles furent trois berceuses de mes peines. » Dans le premier mouvement, le compositeur met en exergue un vers de la berceuse écossaise Lady Anne Bothwell’s Lament, dans la traduction allemande qu’en a faite Johann Gottfried Herder : « Schlaf sanft mein Kind, schlaf snaft und schön! Mich dauert’s sehr, dich weinen sehn. » La forme ternaire du mouvement épouse parfaitement le propos du vers, faisant alterner la quiétude du sommeil désiré et le tourment des pleurs qui ne le laissent pas advenir. Le deuxième mouvement est de caractère plus contemplatif avec son thème en arpèges descendants qui se déploient dans différentes tonalités, ainsi que son mètre irrégulier. Le troisième mouvement présente quant à lui un thème clair-obscur octavié, qui pourrait tirer son inspiration d’une autre ballade écossaise traduite par Herder, et qui commence par les vers : « Oh woe! Oh woe, deep in the valley… ».

C’est également à Clara Schumann que Robert Schumann avait bien auparavant dédié sa Fantaisie en do majeur, op. 17, mu par la détresse de l’éloignement. La langueur de Schumann est particulièrement explicite dans le premier mouvement, introduit par une citation de Schlegel : « Parmi tous les sons du rêve aux multiples couleurs de la terre / Une douce note appelle l’auditeur secret ». Mais Clara n’est pas l’unique dédicataire de l’œuvre, puisque celle-ci se voulait initialement une contribution à la campagne de financement lancée par Liszt pour que soit érigé un monument à Beethoven. L’hommage à ce dernier est manifeste dès le premier mouvement, qui donne à entendre une citation de son cycle de lieder An die ferne Geliebte. La forme de la Fantaisie est atypique, ses trois mouvements aux titres tout aussi atypiques suivant la séquence vif-vif-lent, plutôt que l’enchaînement vif-lent-vif caractéristique des formes sonates. Le deuxième mouvement se présente comme une marche grandiose, et le troisième, comme une tendre et poétique mélodie, pleine de soupirs et de silences.

C’est à la mémoire de son ami défunt, le peintre Viktor Hartmann, que Modest Moussorgski a écrit ses Tableaux d’une Exposition, inspirés par les œuvres de ce dernier. Se présentant comme une déambulation d’une œuvre d’art à l’autre, les Tableaux font en réalité voyager les auditeurs d’un monde à l’autre, ceux-ci retrouvant leurs repères grâce au retour périodique du motif de la Promenade, une mélodie pentatonique faisant alterner des mesures de 5/4 et de 6/4. Tout le long de l’œuvre, ce passage thématique change de couleur et de caractère suivant la progression des tableaux. Après leur rencontre avec un gnome inquiétant, les auditeurs contemplent les ruines d’un château italien, puis se divertissent au Jardin des Tuileries, à Paris. Puis, après avoir rencontré des bœufs massifs et lents en Pologne, ils s’amusent de la naissance joyeuse d’une couvée de poussins. Ils croisent ensuite deux Juifs – l’un riche, l’autre pauvre –, puis s’étourdissent dans le brouhaha du marché de Limoges. Ils descendent ensuite dans les catacombes, puis remontent dans l’univers mythologique russe de Baba-Yaga, pour terminer leur promenade haute en couleurs à la Grande Porte de Kiev.


Catherine Harrison-Boisvert

Programme  

BRAHMS             Trois Intermezzi, op. 117 (1892)
(1833-1897)

SCHUMANN        Fantaisie en do majeur,
(1810-1856)            op. 17 (1836)

MOUSSORGSKI Tableaux d’une Exposition (1874)
(1839-1881)

                    Arts Management Group, Inc.