7 mai 2023

Pacifica Quartet

avec Anthony McGill

Clarinette et cordes

Anthony McGill avec le Pacifica Quartet © Eric Rudd

Biographie

Simin Ganatra  -  violon             
Austin Hartman  -  violon    
Mark Holloway  -  alto        
Brandon Vamos  -  violoncelle

Anthony McGill  -  clarinette

Riche de ses vingt-huit années d’existence, le Pacifica Quartet fait autorité sur la scène de la musique de chambre. Il est actuellement formé des membres de deuxième génération Simin Ganatra (violon), Austin Hartman (violon), Mark Holloway (alto) et Brandon Vamos (violoncelle). Basé à Bloomington (Indiana), le quatuor est en résidence à la Jacobs School of Music de l’Indiana University. Il a notamment fait sa réputation par sa capacité à s’attaquer à d’ambitieux cycles d’œuvres écrites par un seul compositeur, notamment les quatuors à cordes de Carter et de Shostakovitch. Le Pacifica Quartet a été récipiendaire de deux prix Grammy, respectivement en 2008 et 2020. 4e concert au LMMC.

Diplômé du Curtis Institute of Music, Anthony McGill est le clarinettiste principal du New York Philharmonic, dont il est par ailleurs le premier musicien afro-américain à occuper un poste de premier plan. Il mène également une florissante carrière de soliste et de chambriste. Il remporte en 2020 le Avery Fisher Prize, qui récompense les solistes du plus haut niveau d’excellence. Musicien noir engagé, McGill prend position dans la foulée de l’assassinat de George Floyd en 2020, produisant une vidéo de musique virale portant le mot-clic #TakeTwoKnees. Sous étiquette Cedille Records, McGill et le Pacifica Quartet ont enregistré les quintettes pour clarinette de Mozart et Brahms, avec un grand succès, en plus de présenter en concert le récent Quintette pour clarinette (2018) du compositeur afro-américain James Lee III. Débuts au LMMC.


https://www.pacificaquartet.com/

https://www.anthonymcgill.com/

Notes

Prokofiev écrit son Quatuor no 2 en fa majeur, op. 92 en 1941, alors que l’invasion nazie en URSS a forcé nombre d’artistes et d’intellectuels à se déplacer à Natchik, en Kabardie. Avec le compositeur Myaskovsky, Prokofiev entre alors en contact avec les traditions musicales folkloriques kabardes, par le biais d’enregistrements et de performances. Saisi, non sans une pointe d’orientalisme, par leur caractère apparemment intouché par l’influence de la musique savante européenne, il entreprend de s’en inspirer pour composer le Quatuor no 2. Il en résulte dès lors une œuvre qui incorpore les thèmes, les textures et les rythmes de la musique kabarde à l’intérieur des paramètres de la forme classique par excellence qu’est le quatuor à cordes. Avis aux oreilles attentives : le scherzo du deuxième mouvement laisse entendre la danse « Islamey », qui a inspiré plusieurs autres compositeurs russes avant Prokofiev, dont Balakirev.

C’est sous l’inspiration que lui procurent les performances de son ami, le clarinettiste virtuose Heinrich Baumann, que Carl Maria von Weber, surtout connu pour ses opéras, compose son Quintette op. 34 ; il lui dédie également son Concertino op. 26, et deux concertos (op. 73 et 74). Cette œuvre se distingue de ses semblables – par exemple le Quintette avec clarinette en la majeur, K. 581, de Mozart – en ce qu’elle transpose à une formation de musique de chambre les codes du concerto de soliste, plutôt que de présenter toutes les parties sur un même pied d’égalité, comme le veut habituellement la musique de chambre. Il s’agissait à l’époque d’une manière de permettre aux interprètes virtuoses en tournée de jouer des « concertos » sans recourir à de grands orchestres, souvent inexistants dans les petites villes où ils passaient. Le public peut dès lors apprécier toute la maîtrise instrumentale du soliste, à travers des passages d’une redoutable exigence technique, ou d’autres mettant en valeur le registre coloratura de l’instrument, évoquant les élans les plus vertigineux de la voix humaine.

Au début des années 1880, Johannes Brahms annonce son retrait de la composition, convaincu qu’il est arrivé au bout de sa contribution artistique et qu’il faut désormais laisser la place aux plus jeunes. C’est du moins ce qu’il croit jusqu’à ce qu’il entende le clarinettiste Richard Mühlfeld à l’œuvre. Immédiatement conquis, il est gagné par un regain d’inspiration : en résulteront quatre œuvres de musique de chambre dédiées à la clarinette, soit un trio, deux sonates et le Quintette avec clarinette en si mineur, op. 115. Cette œuvre témoigne d’une maîtrise exceptionnelle de la variation thématique et de la cohérence formelle, alors que les thèmes présentés dès le premier mouvement parcourent toute la pièce. Après la sonate du premier mouvement, on portera attention au deuxième mouvement, le cœur de l’œuvre, un nocturne qui sombre graduellement dans la noirceur et les tourments. Après le retour au calme, les troisième et quatrième mouvements, plus courts et attachés l’un à l’autre, rapportent une touche de légèreté.

 

Catherine Harrison-Boisvert

Programme

PROKOFIEV    Quatuor no 2 en fa majeur,
(1891-1953)      opus 92 (1941)

WEBER            Quintette en si bémol majeur,
(1786-1826)      opus 34 (1811-1815)

BRAHMS         Quintette en si mineur,
(1833-1897)      opus 115 (1891)

                                MKI ARTISTS